<247>Ainsi, quand sur moi, misérable,
Cette affreuse comète Hétor
Lancerait son feu redoutable,
Elle n'aurait, ma foi, pas tort.

Du moins tu vois que je sais me rendre justice, et que, si je connais ton mérite, j'ai encore la vertu de t'estimer et de t'aimer sans jalousie. Voltaire, je crois, va quitter la France tout de bon. Adieu.

170. AU MÊME.

Potsdam, 12 juillet 1743.

Paris et la belle Émilie
A la fin ont pourtant eu tort;
Boyer avec 1'Académie
Ont, malgré sa palinodie,
De Voltaire fixé le sort.
Berlin, quoi qu'il puisse nous dire,
A bien prendre, est son pis aller.
Mais qu'importe? Il nous fera rire
Lorsque nous l'entendrons parler
De Maurepas et de Boyer,
Plein du venin de la satire.a

Il arrivera bientôt, car je lui ai envoyé un passe-port pour des chevaux. J'ai tracassé comme un vrai lutin depuis que je ne t'ai vu. Je ne saurais te dire des nouvelles de la république des lettres, sinon que Mauclerca n'est plus à Stettin,b que les Poméraniens sont peu lettrés, que les Rheinsbergeois le sont moins de-


a Malgré sa profession de foi catholique très-formelle, Voltaire fut pour cette ibis écarté de l'Académie par les intrigues de Maurepas et de Boyer, évêque de Mirepoix.

a Paul-Émile de Mauclerc, pasteur à Stettin, où il mourut le 11 septembre 1742, dans sa quarante-cinquième année.

b Cette lettre était la première que Frédéric écrivît à Jordan après son retour de Stettin.