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110. DU MÊME.

Bologne, 15 décembre 1757.



Sire,

Je savais bien, Sire, lorsque je félicitais Votre Majesté sur la journée du 5 novembre, que j'aurais dû la féliciter bientôt sur un autre cinq.a V. M. voudra donc pardonner à mon empressement une lettre presque inutile. Cet autre cinq met le comble à la gloire de V. M. et la fin à une guerre dont toutes les annales du genre humain ne fournissent rien d'approchant. On dit, Sire, qu'il y a bien peu de charité à vous de faire mourir ainsi vos ennemis de faim et de froid. V. M. aurait dû, disent-ils, les laisser en repos pendant une saison aussi rude, et admirer, en attendant, leur générosité de vous attaquer cinq ou six à la fois. Il m'avait paru, Sire, jusqu'à présent, que V. M., par ces hauts faits, avait élevé l'histoire moderne à la dignité de l'ancienne. Mais je vois bien, Sire, que, par vos exploits merveilleux, V. M. donne à l'histoire l'air du roman. Je souhaite à V. M. longues années et aussi glorieuses que celle-ci.

111. AU COMTE ALGAROTTI.

Breslau, 10 janvier 1758.

J'ai bien reçu la lettre que vous m'avez écrite pour me féliciter sur la victoire que j'ai remportée le 5 du mois passé sur l'armée autrichienne. Je suis bien flatté de la part que vous prenez à cet événement, et reçois avec plaisir les vœux que vous formez à ce sujet. Je souhaite qu'ils s'accomplissent; en attendant, me voilà retombé sur mes jambes et prêt à repousser les coups qu'on voudra me porter. Je prie Dieu, au reste, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.


a La victoire de Leuthen.