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26. A LA MÊME.

(Leipzig) 23 février 1761.



Madame,

Je suis trop heureux, si j'ai pu contribuer en quelque chose à vous délivrer de la tyrannie française et saxonne.a Vous êtes au moins vengée, madame; je voudrais qu'il dépendît de moi de réparer aussi facilement les dommages que le pays de Gotha a soufferts. Du moins je n'en comblerai pas la mesure. Mes troupes ont ordre de se conduire avec circonspection et désintéressement. Mais, pour plus de sûreté, elles iront à présent chasser les cercles du bout de la Saxe, où ils sont encore, de sorte que je me flatte, madame, qu'ils ne vous causeront aucune incommodité. Toute cette besogne n'a pas été expédiée aussi vite que je l'aurais désiré; mais il y avait tant de têtes à accorder, que je suis persuadé que vous ne m'en attribuez pas la faute.

Quoi qu'il en soit, il est probable que cet événement contribuera essentiellement à la paix. Elle est désirable pour le bien de l'Allemagne, pour celui de l'humanité, et en vérité pour toutes les parties belligérantes, dont l'ambition ne s'est nourrie que de chimères jusqu'ici, et qui ont abîmé leur pays pour soutenir cette malheureuse et funeste guerre. Le moment le plus heureux de ma vie sera celui où je pourrai vous annoncer, madame, cet heureux événement. En attendant, soyez persuadée que personne ne vous aime, ne vous estime et honore plus que je fais profession de le faire, étant avec la plus haute estime et considération,



Madame,

de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
Federic.


a Voyez t. V, p. 114-116.