<233>qu'il se pourra, pour le bien de l'humanité et de vos amis. Daignez me compter de ce nombre, et même des plus zélés et des plus sincères. Ces sentiments sont plus fortement gravés dans mon âme que si c'était sur de l'airain ou du porphyre; l'absence, ni le temps, mais la mort seule, qui détruit tout, pourra les effacer, étant,



Ma chère duchesse,

de Votre Altesse
le fidèle cousin, ami et serviteur,
Federic.

53. A LA MÊME.

Sans-Souci, 6 septembre 1763.



Madame ma cousine,

L'aventure de saint Cyprianus que vous avez la bonté de me conter, ma chère duchesse, m'a paru ressembler à celle qui arriva à Rome lorsqu'une congrégation de cardinaux condamna la doctrine de Galilée sur les antipodes. On voulait, à Rome, que le soleil tournât, et on faisait beaucoup de mauvais raisonnements pour le prouver. Un Anglais qui se trouva par hasard en voyage à Rome dans un temps postérieur prit querelle avec un orthodoxe sur cette matière. L'Italien, s'échauffant dans son harnois, disait : « Sans doute que le soleil tourne, car ne savez-vous pas que Josué a dit : Arrête-toi, soleil? - Eh! c'est précisément depuis ce temps, lui repartit l'Anglais, qu'il demeure immobile. » Si toutes les querelles que le fanatisme occasionne pouvaient être décidées dans ce goût-là, on serait heureux, car, ma chère duchesse, une plaisanterie vaut mieux que des injures et des guerres de religion qui ont inondé de sang toute l'Europe.

Le Dialogue du caloyer est, à la vérité, imprimé. Je ne sais par quel quiproquo l'imprimeur, au lieu de prendre l'exemplaire corrigé, a repris le même que vous avez eu la bonté de m'envoyer, madame; de sorte que ce n'est pas la peine de vous l'offrir.