<175>avez quelque commission à donner là-bas, vous n'avez qu'à m'en charger. Adieu.

133. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 7 juin 1760.



Sire,

J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté la première feuille de la belle édition in-quarto des Poésies diverses. Elle verra que cette édition sera pour le moins aussi belle que celle qui a été faite au château; elle est déjà vendue entièrement d'avance, et presque toute en Angleterre. Vous savez sans doute que l'on vous a érigé une statue de bronze à Dublin, et qu'elle a été placée dans la plus belle rue de la ville, qui est appelée aujourd'hui la rue de Prusse.a Toutes les gazettes ont parlé un mois de suite de ce monument. Je ne vous en ai rien dit jusqu'à présent, parce que je sais combien votre caractère archiphilosophique est peu sensible à ces sortes d'apothéoses. Je vous passe, en qualité de roi, de vous mettre au-dessus de la gloire, mais du moins comme héros vous devriez la chérir. Cependant, content de la mériter, vous êtes indifférent pour les honneurs qui la suivent. Vous faites bien mentir le proverbe qui dit que jamais poëte ne fut modéré dans son ambition pour la gloire. Vous êtes bon poëte, et vous fuyez les louanges; il y a dans votre modestie de quoi faire honte à tous les gens de lettres.

J'ai lu, Sire, avec admiration la liste du beau service de porcelaine dont vous voulez me faire présent. J'ai d'abord été visiter mon armoire, et je l'y ai rangé en imagination, en attendant le jour où je pourrai le faire en réalité. V. M. me permettra de lui dire qu'une coquette à qui l'on promet des pompons d'un goût nouveau n'est pas plus impatiente de les recevoir que je le suis de voir ces porcelaines. Les quinzaines des ouvriers de la fa-


a Tout cela était faux.