<197>fiés du corps de Czernichew et de celui du général Lacy, on résolut de se retirer et de laisser capituler la ville, qui sûrement aurait été prise et pillée par les Autrichiens pendant que notre armée aurait attaqué les Russes. Le corps du prince de Würtemberg et celui du général Hülsen défilèrent donc au travers de la ville pendant la nuit,a pour se rendre à Spandow. La grande quantité de bagage qui devait défiler sur le pont, un canon qui se rompit en chemin, et quelques autres embarras, furent cause que le second bataillon de Wunsch souffrit beaucoup, et que nous perdîmes environ cent cinquante chasseurs. En arrivant à Spandow, le prince ne trouva aucun arrangement dans cette place; ce fut le capitaine Zegelinb et quelques autres officiers qui disposèrent les canons sur les remparts, et qui firent l'office de canonniers. Le prince de Würtemberg continua son chemin vers Brandebourg, et laissa à Spandow le capitaine Zegelin avec un bataillon de convalescents. Les Russes n'ont point osé attaquer cette place. Nous comptions de les avoir, ainsi que les Autrichiens, encore quelque temps à Berlin, lorsqu'ils se retirèrent avec la plus grande vitesse et même avec confusion.a Dans le temps qu'ils ont été dans la ville, le comte de Reuss, le seul de vos ministres qui ait osé rester dans Berlin, a rendu à la ville bien des services en agissant auprès des généraux toutes les fois qu'il a été nécessaire de le faire, sans crainte d'être pris pour otage; il a voulu jusqu'à la fin se montrer bon citoyen. En parlant, Sire, à V. M. de ceux qui ont fait paraître un véritable zèle pour son service, je ne dois pas oublier l'envoyé de Hollande, M. de Verelst.b Lorsque je verrai V. M., j'aurai l'honneur de lui dire tout ce qu'il a fait. En attendant, Sire, je puis vous assurer avec la plus grande vérité que, s'il vivait deux cents ans, vous et


a Du 8 au 9 octobre.

b Jean-Christophe de Zegelin, commandant de Berlin du mois d'octobre 1760 au mois d'août 1763, fut nommé envoyé de Prusse à Constantinople le 20 avril 1764. Quatre jours après, il fut promu au grade de major. Il fut rappelé en 1776.

a Le 12 octobre.

b Le Roi exprima sa reconnaissance à M. de Verelst dans une lettre datée de Jessen, 22 octobre 1760, et il le fit comte le 2 septembre 1767; enfin, il lui a donné des éloges dans ses Œuvres, t. V, p. 91.