<232>les eaux pendant une quinzaine de jours. J'ai donc été à Fehrbellin, de là à Kyritz, de Kyritz à Havelberg, de Havelberg à Rathenow, de Rathenow à Barnewitz, et de Barnewitz je suis revenu à Potsdam. Ces dix jours de voyage m'ont soulagé, et je serais obligé à V. M., si elle ne trouvait point mauvais que je prisse pendant quinze jours, c'est-à-dire jusqu'au 22 de juin, les eaux à Sans-Souci, après quoi je retournerai à Berlin, ou bien, selon les événements, je resterai à Potsdam jusqu'à ce que je puisse avoir le bonheur de revoir V. M. Je ne puis croire que ce temps heureux soit encore bien éloigné. Voilà M. de Bussy à Londres, et mylord Stanley à Paris. Je pense que ces négociateurs iront plus vite que ceux du congrès d'Augsbourg. Toutes les gazettes ne parlent que de votre traité avec les Turcs; elles ajoutent même que vous aviez reçu dans votre camp un envoyé de la Porte Ottomane. Ce qui me fait douter de cette nouvelle, c'est que V. M. ne me dit pas un mot de cet ambassadeur musulman, quoique j'aie l'honneur d'être grand partisan de saint Mahomet, et que j'aie visité avec une dévotion exemplaire les sept mosquées impériales de Constantinople. Si les serviteurs du prophète peuvent nous être utiles, je consens de faire le voyage de la Mecque et de Médine; mais, si les princes chrétiens voulaient être raisonnables, j'aimerais encore mieux la paix que l'avantage de voir le tombeau de l'envoyé de Dieu et de rapporter un morceau du tapis qui couvre le chameau qui, toutes les années, porte un Alcoran à la Mecque.

Pondichéry doit être pris depuis la dernière bataille que les Français ont perdue sous les murs de cette ville. Belle-Isle est aux abois; la ville est prise, il ne reste plus que la citadelle, qui ne peut être secourue. Tout cela doit avancer les négociations à Londres et à Paris. J'ai l'honneur d'être, etc.