<291>charger de prier V. M. de vouloir bien permettre qu'un de leurs membres, c'est M. Sulzer,b excellent citoyen et Suisse de nation, puisse faire un voyage de deux ou trois mois chez lui, pour y régler quelques affaires domestiques. Ce M. Sulzer est, après M. Euler, ce qu'il y a de mieux aujourd'hui dans l'Académie; il est grand littérateur et bon géomètre. Ajoutez à cela qu'il n'a pas un sou de pension de l'Académie; il s'est pourtant sagement soumis au règlement que nous avons fait à l'Académie, que, pendant la guerre, aucun académicien ne pourra s'éloigner sans une permission de V. M. Je prie V. M. de me répondre un mot sur cet article, car nous ferions une perte irréparable, si cet homme, qui n'a point de pension, disait qu'il ne veut plus être membre ordinaire. En vous écrivant tout ce long détail, j'ai la fièvre, et ma lettre est bien digne d'un homme qui ne jouit que de la moitié des facultés de son âme. Je voudrais pouvoir, s'il m'était possible, vous parler un peu littérature; mais, dans le moment présent, j'en raisonnerais comme un homme qui n'a pas le sens commun. J'ai l'honneur, etc.

219. DU MÊME.

Berlin, 16 février 1762.



Sire,

Vous faites des miracles aussi grands que ceux du Messie. Votre lettre a produit sur moi le même effet que les paroles du Seigneur sur le paralytique : « Prends ton lit, va-t'en et marche. » J'étais couché avec une fluxion accompagnée d'un peu de fièvre; je me suis habillé, j'ai sauté, cabriolé comme un chevreuil dans ma chambre, et je me porte à merveille; pas la moindre douleur de corps, pas la moindre inquiétude d'esprit. En vérité, vous êtes tout à la fois le plus grand roi et le plus grand apothicaire de


b Voyez t. IX, p. 92 et 94; t. XVII, p. X et XI, et p. 397; et ci-dessus, p. 246.