<294>quillement les événements. La force et la nécessité nous enseignent mieux que les livres de morale. Adieu, mon cher marquis; chassez-moi cette fièvre que je réprouve, et soyez persuadé de mon amitié.

221. AU MÊME.

(Breslau) février 1762.

Je vois par votre lettre du 16, mon cher marquis, que vous avez à présent exactement saisi la situation où sont nos affaires. Vous comprenez tout à merveille, et vous voyez que votre ministre de Danemark n'est qu'un sot. Nous avons actuellement ici un Russe,a le même qui, comme courrier, a passé par Berlin; je suis très-content de lui, et, à moins que tous les principes du raisonnement humain ne soient des absurdités, il faut que nous fassions la paix avec les Russes et les Suédois encore avant l'ouverture de la campagne. Quant à ce qui est relatif à d'autres espérances, je n'en pourrai avoir des nouvelles certaines que vers le commencement du mois prochain. Cela nous serait bien dû, car, depuis six ans, dans quelle amertume et dans quelle douleur n'avons-nous pas passé la vie! Il faut de l'onguent pour la brûlure; croyez-moi, cela est nécessaire et bon. Je suis bien aise de vous avoir guéri; ce sera ce que j'aurai fait de mieux dans ma vie en politique. Je souhaite que cette lettre-ci vous serve de nouveau confortatif, et qu'elle achève de vous tranquilliser.

Je vous envoie, pour vous divertir, une fablea que je me suis avisé de faire; elle sera bientôt suivie d'une autre. Je n'ai pas l'esprit assez tranquille pour faire des ouvrages sérieux; je m'amuse aux fables. Ah! mon cher marquis, quand serai-je hors de cette maudite galère? Je vous avoue que pilote politique


a M. de Gudowitsch, qui arriva à Breslau le 20 février 1762. Voyez t. V, p. 175, et t. XVII. p. XII, p. 405 et 406.

a Les deux Chiens et l'Homme, fable. Voyez t. XII, p. 235 et 236.