<296>V. M. pense toujours bien, et dans cette occasion admirablement bien.

La fable que V. M. m'a fait l'honneur de m'envoyer est charmante, et écrite avec cette élégante simplicité qui convient à ce genre de poëme.

La nouvelle de la cession de Port-Mahon aux Espagnols par les Français, que je mandai il y a quelque temps à V. M., et qu'elle regarda alors comme un conte, se vérifie. La France retirera trois millions de piastres de cette cession.

J'avais cru jusqu'à présent que je n'aurais jamais souhaité de vieillir; mais je me suis trompé sur ce sujet comme sur tant d'autres : je voudrais être plus âgé de six semaines. J'ai l'honneur, etc.

223. AU MARQUIS D'ARGENS.

Breslau, 6 mars 1762.

La joie des habitants de Berlin, que vous me décrivez, mon cher marquis, s'est communiquée à mon âme, et j'ai senti un avant-goût de la sensation que j'éprouverai quand la paix générale sera faite. Nos nouvelles de Pétersbourg sont telles que nous les pouvons souhaiter; il se pourrait même, au moment présent, que la paix y fût signée. Je n'ai pas encore toutes les nouvelles d'un certain lieu; mais je sais que les troupes marchent, et qu'on a une grande peur à Vienne. J'ai tout lieu d'espérer que je réussirai. Dès que j'en serai plus sûr, je vous communiquerai la satisfaction que ce bon événement me causera. Enfin, mon cher marquis, les nuages orageux se dissipent, et nous pouvons espérer de revoir un beau jour serein, brillant des rayons éclatants du soleil. Je vous envoie un conte que j'ai fait;a j'étais plein, en le composant, de la lecture de Bossuet et de ses impertinentes


a Le Roi veut parler de l'Allégorie, t. XII, p. 246-249.