<330>tions qui se font à présent, et vous jugerez facilement des soins, des embarras et du travail qu'il m'en coûte, et du poids que mes pauvres épaules portent. Enfin, mon cher marquis, nous touchons aux événements qui vont décider de cette campagne et de toute cette guerre; il faut se résigner à les attendre patiemment, puisque la moindre partie de ce qui doit arriver dépend de nous. Adieu, mon cher; vivez en paix, écrivez-moi souvent, et comptez sur mon amitié.

251. DU MARQUIS D'ARGENS.

Potsdam, 28 juin 1762.



Sire,

Oserais-je demander à Votre Majesté ce que font nos bons amis les Tartares? Je voudrais bien qu'ils fussent déjà en Hongrie.

Les Danois ont fait ce que nous aurions dû faire; ils ont emprunté à coups de canon un million d'écus des Hambourgeois. J'en suis fâché, parce que ce sont les Danois qui ont cet argent; mais, d'ailleurs, le peuple est en général autrichien à Hambourg. Je me réjouis de voir les villes impériales qui sont dévouées sans raison à la cour de Vienne punies par cette même cour, qui tire parti de tout.

Je ne doute pas que la bataille que les Français viennent de perdre en Allemagnea n'augmente le crédit de M. Pitt dans le parlement; il y avait prédit de la façon la plus assurée, dans sa harangue, ce que le prince de Brunswic vient d'accomplir.

Tout le monde dit ici que vous avez en Silésie la plus belle armée de l'Europe. Puisse-t-elle répondre aux espérances de son roi, qui la commande, et montrer par sa valeur qu'elle est digne de son chef!

Je remercie infiniment V. M. de la bonté qu'elle a eue de me permettre de rester six semaines à Sans-Souci. Je retourne à


a A Wilhelmsthal, le 24 juin. Voyez t. V, p. 201.