<347>grands risques à courir ici; il parait qu'on nous laissera tranquillement achever notre siége. Dieu le veuille, et que, si mon destin est de survivre à la paix, j'aie encore la consolation de vous revoir! Adieu, mon cher marquis.

265. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 2 septembre 1762.



Sire,

J'espère que, dans le temps que Votre Majesté recevra la lettre que j'ai l'honneur de lui écrire, Schweidnitz sera pris. Vous avez eu, Sire, la bonté de nous promettre des postillons. J'envoie à V. M., à mon tour, un petit paquet dont j'espère qu'elle sera contente; il contient deux exemplaires d'une nouvelle édition des Poésies diverses, d'un format très-commode pour porter à la poche.a On ne peut d'ailleurs rien voir de plus élégant que cette édition, et l'on ne saurait en faire une plus belle à Londres, ni à Paris. La moitié de cette édition part aujourd'hui pour Danzig; les officiers russes en ont demandé neuf cents exemplaires. Vous avez l'art de gagner les cœurs des gens qui ont été vos plus grands ennemis.

M. de Beausobre a pris soin de l'impression nouvelle des Poésies diverses, et il s'en est acquitté avec tout le zèle possible. C'est un tort bon enfant; il trouverait à la paix à s'établir, si vous jugiez à propos de le placer dans quelque poste quand vous serez tranquille et débarrassé de tout soin. Votre gloire est immortelle, mais vous êtes trop bon philosophe pour penser que votre corps puisse jamais le devenir. Si ce jeune homme avait un jour le malheur de vous perdre, que deviendrait-il? S'il trouve une femme qui lui donne un certain bien, son sort devient assuré; mais, pour trouver cette femme, il faut un poste, et,


a Poésies diverses. A Berlin, chez Chrétien-Frédéric Voss, 1762, en deux parties, six cent trente-deux pages petit in-8. Voyez t. X, p. III.