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301. AU MARQUIS D'ARGENS.

Le 28 janvier 1766.

Et les disciples dirent à Thomas : « Nous avons vu le Seigneur. » Il leur répondit : « Si je ne touche ses stigmates, si je ne mets ma main dans son côté, je ne le croirai pas. » (Saint Jean, chapitre XX, verset 25.)

302. DU MARQUIS D'ARGENS.

Éguilles, 20 mars 1766.



Sire,

J'aurai l'honneur de me mettre aux pieds de Votre Majesté avant la fin du mois d'avril. Je pars d'ici dans trois jours pour Strasbourg en droiture; ma voiture est déjà arrêtée, et, qui plus est, payée jusquà Besançon. Je ferai le voyage dans un bon carrosse, sans courir la poste, car en vérité j'ai reconnu que, pour aller plus vite, je devais me soumettre à la nécessité d'être obligé de faire les journées que le cocher avec lequel j'ai fait marché pour me conduire a réglées par son accord. C'est là un moyen assuré que j'ai trouvé pour me garantir des attaques et des tentations de la paresse; quant aux maladies, j'ai une si grande attention à ma santé, et je ménage si fort mon estomac,

Que je défie bien toux, fièvre, apoplexie,
De pouvoir de cent ans attenter à ma vie.

Je ferai depuis Lyon jusqu'à Berlin mon voyage avec M. Stosch,a qui vous a vendu, à ce qu'il m'a dit, un magnifique


a M. Philippe Muzell-Stosch vendit au Roi, en 1764 ou 1760, la collection de pierres gravées de son oncle Philippe baron de Stosch. Ce dernier était né à Cüstrin en 1691, et mort à Florence le 7 novembre 1757. Les pierres gravées de Stosch et la collection d'antiques du cardinal de Polignac faisaient le principal ornement du temple des antiquités bâti à Potsdam en 1768. Voyez les lettres de Frédéric à Jordan, du 10 juin et du 21 septembre 1742 (t. XVII, p. 247 et 269), et à Voltaire, du 18 novembre 1742.