<411>Père est invisible et le Fils visible, et que la grandeur du Fils n'approche point de celle du Père. Je pourrais, si je voulais, placer ici les autorités de dix autres Pères de l'Église; mais je renvoie ceux qui seront curieux de les voir à l'ouvrage du père Petau.b Ils verront, dans le huitième chapitre du premier livre de cet auteur, trois faits établis : le premier est que la doctrine condamnée par le concile de Nicée dans la personne d'Arius ne lui était pas particulière, mais qu'elle avait été commune à beaucoup d'écrivains qui l'avaient précédé; le second est que le dogme de la divinité du Fils de Dieu n'était pas bien établi ni expliqué avant le concile de Nicée; enfin, le troisième est que ce n'a été que par exagération qu'Alexandre, évêque d'Alexandrie, s'est plaint, dans sa lettre rapportée par Théodoret, qu'Arius avait inventé un dogme nouveau et que personne n'avait enseigné avant lui. Que peut-on demander de plus que cette confession d'un théologien catholique et, qui plus est, jésuite? Je conviens que le père Petau fut dans la suite très-fâché de l'avoir faite. Il avait d'abord eu pour but de représenter naïvement la doctrine des premiers siècles, et il n'avait point déguisé les opinions des Pères; mais il sentit bientôt que c'était apprendre au public une chose qu'il devait ignorer. On cria contre lui, non seulement en France, mais même en Angleterre, où plusieurs théologiens protestants le maltraitèrent dans leurs écrits. Il fit donc une préface dans le but de détruire ce qu'il avait établi auparavant; il changea du blanc au noir; il sacrifia la réputation de bon critique à celle de théologien orthodoxe; il fit amende honorable aux Pères, et dit mille puérilités pour prouver leur orthodoxie sur la Trinité.

2o Ce fut au concile de Nicée que le Saint-Esprit fut déclaré troisième personne de la Trinité.

3o Il n'y a aucun concile général qui ait établi l'infaillibilité du pape; au contraire, des conciles généraux ont quelquefois déposé des papes. La doctrine de l'infaillibilité du pape est seulement soutenue publiquement par tous les théologiens ultramontains, et sourdement en France par les jésuites.


b Dionysii Petavii Aurelianensis, e societaie Jesu, opus de theologicis dogmatibus, nouvelle édition, Anvers, 1700, in-fol., tome II, p. 37-39, où il est question de la sainte Trinité.