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21. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Brandebourg, 6 octobre 1763.



Sire,

J'ai des défauts que je connais sans pouvoir m'en corriger; mais le vice de l'ingratitude m'est inconnu. Jugez donc, Sire, si je puis oublier mon auguste bienfaiteur. Non, je ne crois pas qu'il se passe une heure du jour où je ne pense avec toute la sensibilité possible à la reconnaissance que je dois à V. M.

Je vous rends grâces, Sire, du beau verre que vous m'avez envoyé; il ornera mon buffet avec ceux que j'ai encore trouvés à Glatz.

Le froid, que je préférais autrefois à la chaleur, ne me convient plus. Je suis travaillé depuis trois jours d'une colique pour m'être promené au vent et avoir pris quelques fruits. Je bouche et calfeutre tous les trous de ma maison pour m'en garantir; je condamne des portes et des cheminées, afin que V. M. ne soit plus exposée aux vents coulis dans la chambre où elle a logé, si jamais elle vient à passer par Brandebourg. Je vous demande grâce et dispense, Sire, pendant le froid. Je suis, etc.

22. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

(2 décembre 1763.)

Je vous envoie, mon cher ami, du café turc qu'un mamamouchia m'a donné.b Vous m'oublieriez tout à fait, si je ne vous faisais ressouvenir de moi. J'en aurai bientôt une nouvelle occasion que je saisirai avec empressement.

Adieu, mon cher ami; conservez-moi une petite place dans votre cœur.


a Voyez ci-dessus, p. 34.

b Achmet-Effendi, envoyé turc à Berlin. Voyez ci-dessus, p. 104, et Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte, von J. D. E. Preuss, t. II, p. 433-435.