<6>Varier le ton grave avec le ton folâtre,
Loin de représenter, dans sa niche enchâssé,
Un saint par les bigots sur un autel placé,
Solitaire ennuyeux et sombre personnage,
Nourri d'un vain encens, d'un éternel hommage.a

Vous me ferez plaisir de m'envoyer ces vers du mois de novembre dont vous me parlez; je les crois égarés à la poste. Adieu; j'attends ces vers et votre réponse.

3. AU MÊME.

Berlin, 28 décembre 1748.

J'ai bien reçu dans son temps, monsieur, votre lettre du 10 avril dernier et le discours de votre réception à l'Académie française.b Je vous remercie de l'attention que vous avez eue de me l'envoyer, et je l'ai lu avec grand plaisir. Vous avez, ce me semble, tiré de votre sujet tout le parti dont il était susceptible, et cet ouvrage, si difficile à faire pour avoir été fait si souvent, a pris dans vos mains tous les agréments que les grâces de votre style et de votre esprit pouvaient lui prêter.

L'Académie de Berlin doit être sensible à la remarque que vous faites sur le silence du directeur qui vous a répondu; c'est une suite de votre zèle et de votre bonne volonté pour une compagnie qui s'est plu à couronner la première vos talents. Mais je crois qu'elle ne partage pas l'espèce de dépit que vous montrez si obligeamment pour elle. Elle doit, se renfermant dans ses principes et mes intentions, être aussi indifférente sur les louanges qu'attentive à les mériter.

Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait, monsieur, en sa sainte et digne garde.


a Ces douze vers rappellent la Variation d'un passage de Zaïre, t. XIV, p. 203 et 204.

b Voyez les Œuvres de Gresset, t. II, p. 243-251.