<70>que des rejetons ne le remplacent avec le temps. Allons donc voir ce que nous pourrons faire à l'arbre dont M. de Neipperg doit être regardé comme la séve.

J'ai vu et beaucoup entretenu le maréchal de Belle-Isle, qui sera dans tout pays ce que l'on appelle un très-grand homme. C'est un Newton pour le moins en fait de guerre, autant aimable dans la société qu'intelligent et profond dans les affaires, et qui fait un honneur infini à la France sa nation, et au choix de son maître.

Je souhaite de tout mon cœur de n'attendre que de bonnes nouvelles de votre part; soyez persuadé que personne ne s'y intéresse plus que votre fidèle ami.

167. AU MÊME.

Camp de Grottkau, 2 juin 1741.

Vous qui possédez tous les arts,
Et surtout le talent de plaire;
Vous qui pensez à nos hussards,
En cueillant des fruits de Cythère,
Qui chantez Charles et Newton,
Et qui, du giron d'Emilie,
Aux beaux esprits donnez le ton,
Ainsi qu'à la philosophie;
De ce camp, d'où maint peloton
S'exerce en tirant à l'envie,
De ma très-turbulente vie
Je vous fais un léger crayon.

Nous avons vu Césarion,
Le court Jordan, qui l'accompagne,
Tenant en main son Cicéron,
Horace, Hippocrate et Montagne;
Nous avons vu des maréchaux,
Des beaux esprits et des héros,
Des bavards et des politiques,
Et des soldats très-impudiques;