<17>Je prends, du fond de ma retraite, plus d'intérêt à votre sort que je n'en prenais dans Potsdam et dans Sans-Souci. Cette retraite serait heureuse, et ma vieillesse infirme serait consolée, si je pouvais être assuré de votre vie, que le retour de vos bontés me rend encore plus chère.

J'apprends que monseigneur le Prince de Prusse est très-malade; c'est un nouveau surcroît d'affliction, et une nouvelle raison de vous conserver. C'est très-peu de chose, j'en conviens, d'exister pour un moment, au milieu des chagrins, entre deux éternités qui nous engloutissent; mais c'est à la grandeur de votre courage à porter le fardeau de la vie, et c'est être véritablement roi que de soutenir l'adversité en grand homme.

340. DU MÊME.a

(Aux Délices, 19 novembre 1757.)

Vous devez, dites-vous, vivre et mourir en roi;
Je vois qu'en roi vous savez vivre.
Quand partout on croit vous poursuivre,
Partout vous répandez l'effroi.
A revenir vers vous vous forcez la victoire;
Général et soldat, génie universel,
Si vous viviez autant que votre gloire,
Vous seriez immortel.

Sire, je dois remplir à la fois les devoirs d'un citoyen et ceux d'un cœur toujours attaché à V. M., être fâché du malheur des Français et applaudir à vos admirables actions, plaindre les vaincus et vous féliciter.

Je supplie V. M. de daigner me faire parvenir une relation. Vous savez que depuis plus de vingt ans votre gloire en tout genre a été ma passion. Vos grandes actions m'ont justifié. Souffrez que je sois instruit des détails. Accordez cette grâce à un homme


a Cette lettre est tirée du journal Der Freymüthige, 1803, p. 89 et 90.