« <211>Saint-père, donnez-moi des tentations au lieu de bénédictions. » La santé, la santé, voilà le premier des biens, dans quelque condition qu'on soit, et à quelque âge qu'on soit parvenu.

Je supplie V. M. de n'avoir plus la goutte, à moins que cela ne produise quelque nouveau poëme en six chants.

Agréez, Sire, le profond respect et l'inviolable attachement d'un pauvre vieillard qui a pis que la goutte.

448. A VOLTAIRE.

Potsdam, 1er mars 1772.

Je suis, en vérité, tout honteux des sottises que je vous envoie; mais puisque vous êtes en train d'en lire, vous en recevrez de diverses espèces : le cinquième chant de la Confédération, un discours académique sur une matière assez usée,a pour amener l'éloge de l'illustre auditoire qui se trouvait à la séance de l'Académie, et une Épître ma sœur de Suède au sujet des désagréments qu'elle a essuyés dans ce pays-là.b Elle a reçu la lettre que vous lui avez adressée; elle n'a pas voulu me confier la réponse, qui, sans cela, se serait trouvée incluse dans ma lettre.

Ce n'est pas seulement en Suède que l'on essuie des contre-temps; la pauvre Babet, veuve du défunt Isaac, en a bien éprouvé en Provence. Les dévots de ce pays doivent être de terribles gens; ils ont donné l'extrême-onction par force à ce bon panégyriste de l'empereur Julien; on a fait des difficultés de l'enterrer, et d'autres encore pour un monument qu'on voulait lui ériger. La pauvre Babet a vu emporter par une inondation la moitié de la maison que feu son mari lui a bâtie; elle a perdu ses meubles, perte considérable relativement à sa fortune, qui est mince; elle a acquis quantité de connaissances pour complaire à son mari; elle


a Discours de futilité des sciences et des arts dans un Etat. Voyez t. IX, p. 195-207.

b Voyez t. XIII, p. 91-97.