<270>officier grec condamné par l'aréopage, je l'aurais demandé en lui envoyant la Tactique.

L'ancien parlement de Paris était beaucoup plus injuste que l'aréopage, et vous valez bien cet Alexandre à qui Juvénal et Boileau ont dit tant d'injures.

Je me mets à vos pieds, Sire, pour ce jeune Morival. V. M. ajoutera cette belle action à tant d'autres. Rien n'est plus digne de vous que de le protéger; le vieillard de Ferney vous aura la plus grande obligation, et il mourra content.

Agréez, Sire, ma respectueuse et vive reconnaissance.

481. A VOLTAIRE.a

(Berlin) 4 janvier 1774.

La dame de Paris avait certainement tort, et vous avez deviné juste en croyant que je ne me fâcherais pas de tout ce que vous venez d'écrire. L'amour et la haine ne se commandent point, et chacun a sur ce sujet le droit de sentir ce qu'il peut; il faut avouer néanmoins que les anciens philosophes, qui n'aimaient pas la guerre, ménageaient plus les termes que nos philosophes modernes, qui, depuis que Racine a fait entrer le mot de bourreau dans ses vers élégants,b croient que ce mot a obtenu privilége de noblesse, et l'emploient indifféremment dans leur prose.c Mais je vous avoue que j'aimerais autant déclamer contre la fièvre quarte que contre la guerre; c'est du temps perdu : les gouvernements laissent brailler les cyniques, et vont leur train; la fièvre n'en tient pas plus compte. Il ne reste de cela que des vers bien frappés, et qui témoignent, à l'étonnement de l'Europe, que


a Cette lettre est tirée des Œuvres posthumes, t. IX, p. 211 et 212.

b Clytemnestre dit à Agamemnon, dans Iphigénie, acte IV, scène IV :
     

Bourreau de votre fille, il ne vous reste enfin
Que d'en faire à sa mère un horrible festin.

c J.-J. Rousseau, Émile, liv. V.