<170>m'en tire tout à coup. J'apprends avec la joie la plus vive que deux maisons qui jamais n'eussent dû être divisées vont resserrer le nœud de leur amitié par les liens du sang, la cousine germaine de ma bru épousant le Prince de Prusse votre neveu. C'est bien à présent, Sire, que je regrette plus que jamais ce bon vieux temps que nous avons tant regretté ensemble, et que je souhaiterais pouvoir monter ma blanche haquenée; suivie de mon fidèle écuyer et d'une demoiselle confidente, puisqu'il faut de la décence en tout, j'arriverais inopinément à Potsdam, où je trouverais V. M. au milieu des fêtes. Que j'aurais alors de plaisir, Sire, à vous exprimer de bouche la satisfaction que ce mariage me cause, et tous les vœux que je fais pour le nouveau couple et pour son auguste oncle, ainsi que les présages heureux que j'en tire pour l'affermissement de l'union entre nos deux maisons! Mais qu'est-ce qu'une lettre pour exprimer tant de choses? Je dirais cela à V. M. fort au long, plus d'une fois, et je craindrais encore de m'être expliquée très-imparfaitement. Ce serait, Sire, le plus cher de mes désirs. Si je ne les remplis point, si je ne fais pas seller ma haquenée, ou si j'hésite à lui substituer de bons chevaux de poste, au moins ma pensée, qui voyage avec un peu plus de facilité, sera toujours présente à vos fêtes. Si V. M. pouvait y lire, elle y verrait la confiance la plus entière, jointe à la haute admiration avec laquelle je ne cesserai d'être, etc.

Il y a un de nos meilleurs comédiens, nommé Marsan, à Berlin. Il désire vivement de produire son talent aux yeux de V. M.; si elle daigne lui en accorder la permission, je me flatte qu'elle en sera contente.