<201>nitz, ni du beau temps que nous devrions avoir dans cette saison. Un fou d'astronome prétend que c'est la faute d'une comète qui a paru; pour moi, je soutiens qu'il fait plus d'honneur à la comète qu'elle n'en mérite, car il se pourrait bien que ce météore, si redoutable autrefois, ne fût qu'une jeune étoile que ses parents font voyager pour lui former, comme on dit, le cœur et l'esprit, et qui, étant étourdie, se fait un chemin à elle-même. Il n'y a aucune absurdité que l'ignorante présomption des hommes n'ait débitée pour l'accréditer, et il faut bien du temps pour qu'un peu de raison se fasse jour à travers tant de préjugés que leur ancienneté a consacrés. Mais j'oublie que je parle à la princesse la plus instruite de l'Europe, et qui pourrait me donner de bonnes leçons, si elle voulait s'en donner la peine; V. A. R. ne trouverait jamais d'élève plus docile, ni plus persuadé du mérite de son maître que je le suis. Vous voir suffit pour vous admirer, vous entendre suffit pour s'instruire. Je me flatte bien de jouir encore une fois de ce bonheur, et de pouvoir, madame, vous assurer de vive voix de la haute considération et des sentiments d'admiration avec lesquels je suis à jamais, etc.

132. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 27 juillet 1770.



Sire,

J'avoue qu'après le bonheur de vous voir, Sire, je ne désire rien tant que vos lettres; mais il faut être juste; quand on a, comme V. M., un peuple de héros à former, on ne saurait assez s'en occuper. Et comment me plaindrais-je d'un délai momentané, tandis que chacune de ses lettres me pénètre d'une nouvelle reconnaissance? Où est le prince qui, au milieu des travaux, faisant tout par lui-même, trouvât encore du temps à donner à ses admirateurs et au genre humain? Je ne sais, Sire, quel sera l'effet