<202>des instructions que vous daignez lui accorder. A qui s'en rapporterait-il, ne veut-il pas en croire à Frédéric? Il serait bien ingrat, s'il n'usait pas des sublimes instructions que vous daignez lui donner.

La présence de madame la landgrave doit ajouter à la satisfaction que l'heureuse grossesse de son admirable fille cause à V. M. Nous l'avons eue chez nous pendant quelques moments, assurément trop courts pour nous. Mais a-t-on un moment à perdre, lorsqu'on va à Potsdam? Je le sais par moi-même. Oui, Sire, je compte les heures jusqu'à celle où je pourrai vous porter en personne le tribut de ces sentiments inaltérables qui sont gravés dans mon cœur par l'admiration sincère et l'attachement inviolable avec lequel je ne cesserai d'être, etc.

133. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

1er août 1770.



Madame ma sœur,

Je viens de recueillir les premiers pisangsa crûs dans mon jardin; ce sont des prémices que les peuples offrent à leurs dieux; je les présente donc à diva Antonia, et je supplie cette divinité de vouloir les prendre en bonne part. Les simples mets que Baucis et Philémon présentèrent à Jupiter lui furent plus agréables que les pompeux sacrifices que la vanité des puissants offrait moins au maître du tonnerre que pour contenter leur vaine ostentation. J'espère, madame, que mes pisangs trouveront de même grâce devant vos yeux. Nous sommes ici un petit troupeau qui vous offrons journellement nos vœux en cœur et en esprit; c'est la princesse Henri,b ma sœur Amélie, et la landgrave de Darmstadt. Nous disons ici tout haut ce que votre présence nous oblige de


a Voyez Manger's Baugeschichte von Potsdam, p. 250, 265 et 345.

b Voyez t. VI, p. 245 et 250, n° 10.