<249>jourd'hui, n'est plus qu'une dilettante en fait de politique, mais qui, en cette qualité, ainsi qu'en toutes les autres, vous honore et vous respecte uniquement.

Je suis à jamais, avec ces sentiments de la plus haute estime et de l'admiration la plus complète, etc.

166. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 6 mars 1773.



Madame ma sœur,

Je remercie sincèrement Votre Altesse Royale de la part qu'elle daigne prendre à nos mariages comme à nos baptêmes; mais, si elle me permet de le dire, je ne trouve d'héroïque en tout ceci que la résolution de M. le landgrave de Hesse, qui, à l'âge de cinquante et je ne sais combien d'années, a eu la résolution d'épouser une jeune fille qui à peine en avait vingt-sept. D'ailleurs, V. A. R. me fait trop d'honneur de me supposer une influence, dans les affaires de l'Europe, que je n'ai pas; je ne suis qu'un des moindres ressorts de cette grande machine, qui va je ne sais comment, et qu'assurément le hasard dirige autant que la prudence. Marque de cela, madame, cette paix des Turcs, que je vous avais annoncée pour votre retour d'Italie avec plus d'étourderie que de circonspection, pourrait bien manquer, malgré les soins des âmes pacifiques; il y a une autre espèce de gens dans le monde, qui se plaisent dans le trouble, et qui peut-être ont trouvé le moyen d'enfariner de certains êtres couverts d'un turban, et qu'on nomme les ulémas, qui s'opposent assez au repos de l'Europe pour faire appréhender qu'une paix tant désirée sera encore différée pour quelque temps. Ceci me fait sentir que V. A. R. doit perdre un peu de la confiance qu'elle pouvait avoir en moi; mais je lui fais l'aveu sincère de ce que je ne me crois pas prophète, et qu'il en aurait trop coûté à l'élégance des repas