<253>lieux que j'habite; je fais mille vœux que ce soit à sa plus grande satisfaction, et qu'elle retrouve, au sein d'une famille qui lui doit le jour, autant et plus d'agrément qu'elle en a eu dans la famille dont elle est issue. Je suis avec la plus haute considération, etc.

169. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 24 juillet 1773.



Sire,

Je suis revenue ici sous les plus beaux auspices, puisque bientôt après mon retour j'ai reçu la lettre que V. M. m'a fait l'honneur de m'écrire. Mais n'ai-je pas un peu à me plaindre de cette aimable lettre? Il me semble, Sire, que vous avez voulu me frapper par tout ce qui fait les plus profondes impressions sur mon cœur. Vous vous attachez à détruire mon idole et à redoubler les regrets des plus beaux jours que j'aie passés de ma vie. Vous réussirez plus aisément dans l'un que dans l'autre; quoi que vous puissiez dire, vous n'en serez pas moins mon oracle, auquel je ne trouverai d'autre défaut que de ne pouvoir être interrogé aussi souvent que je le désirerais. Ce n'est pas à V. M. à répondre des caprices des gens, et quand on se trompe en les jugeant sur leurs véritables intérêts, ce sont eux qui ont tort. Je ne m'en repose pas moins sur l'assurance que, si les Turcs se battent, nous autres chrétiens au moins aurons la paix. C'est là le grand point pour moi, un point dont vous ne vous souciez guère, vous autres héros, mais qui importe beaucoup aux femmes qui, comme moi, ne sont bonnes qu'à barbouiller un peu de toile ou de papier, et à chercher des accords de musique. Le bruit des tambours et du canon dérange furieusement un concert, et les moustaches des hussards ne figurent bien ni sur un tableau, ni dans un poëme lyrique. J'ai éprouvé, Sire, que