<301>chantements des choses trop obligeantes que V. A. R. daigne me dire.

On m'écrit de Paris que les jésuites se reforment en corps, et que, avec quelques modifications, ils pourront sourdement propager leur ordre. J'en fais mes compliments au confesseur de V. A. R., comme au digne fils de saint Ignace. On voit qu'il ne faut désespérer de rien, et que quiconque sait gagner du temps trouve tôt ou tard le moyen de reparaître.

Il a passé ici un maître de chapelle de Dresde qui va en Suède pour y former une chapelle. Voilà les beaux-arts qui voyagent vers le Nord. Je n'ai pu voir le musicien, j'en fus empêché par une indisposition; sans cela je lui aurais parlé sûrement, pour lui demander des nouvelles de V. A. R. Puisse-t-elle jouir d'une santé inaltérable et jouir de toutes les bénédictions terrestres! Ce sont les vœux de celui qui est avec la plus haute considération, etc.

205. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 20 juillet 1777.



Sire,

Quand j'ai osé dire à Votre Majesté que ses lettres instruisent mon esprit autant qu'elles intéressent mon cœur, ce n'est point votre éloge, Sire, que j'ai prétendu faire. Je sais qu'un grain tel que celui que je puis brûler pour vous n'est rien aux yeux du philosophe, moins encore aux yeux du philosophe roi qui se voit si fort élevé au-dessus de toute espèce de vanité. Qu'y a-t-il de plus flatteur pour moi que la peine que vous prenez de m'instruire par vos réflexions, lorsque votre exemple, Sire, instruit et éclaire l'univers? Ma voix est faible au prix de l'acclamation universelle; mais c'est celle de la vérité, d'une vérité qui s'échappe dès que je mets la plume à la main pour écrire à V. M., et qu'en vain je voudrais retenir. Il est vrai que Charlemagne, revenant