<310>dame, avec votre bonté ordinaire les assurances de la haute considération et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

211. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 27 janvier 1778.



Sire,

Il y a bien longtemps que j'aurais dû répondre à l'aimable lettre que V. M. m'a fait l'honneur de m'écrire le 6 du mois passé;a mais, hélas! je suis trop justifiée. L'inquiétude que m'a causée la maladie de mon frère, et la douleur profonde que m'a causée sa morta au moment où je croyais n'avoir plus rien à craindre, voilà, sans doute, des excuses bien légitimes. La comète d'Euler n'a présagé du mal que pour moi. La terre est restée à sa place, mais j'y ai encore perdu une des personnes qui m'y attachaient le plus, et ma perte en effet est irréparable. C'était un si bon frère, un si grand homme de bien! Aimant le genre humain, et admirant le héros qui l'honore, il eût bien mérité de vivre. Tant de vœux s'élevaient au ciel pour lui! Mais il était écrit que sa mort produirait un nouvel exemple des vicissitudes humaines que V. M. dépeint avec tant de force, que le nom d'une nation qui a subsisté en corps pendant des siècles s'éteindrait, et qu'un malheureux médecin, entêté d'un vain système, accélérerait peut-être un événement aussi funeste pour ceux qui en deviennent les victimes. Personne ne partage leur douleur plus vivement que moi, qui semble née pour survivre à ce que j'ai de plus cher. J'ai bien de la peine à revenir de mon accablement. Tout ce que je fais en contracte l'empreinte, et tout ce que je vois la renouvelle. Il n'y a pas jusqu'à la belle lettre de V. M., capable de dérider


a Le mot passé est omis dans l'autographe.

a Maximilien-Joseph, électeur de Bavière et frère de l'électrice Marie-Antonie, mourut le 30 décembre 1777. Voyez t. VI, p. 153.