<371>du sort ou de celle des hommes, ces bienfaits, Sire, auraient suffi pour m'en consoler. Je regarderai comme le plus heureux moment de ma vie celui où il me sera permis enfin d'aller témoigner par moi-même à V. M. les sentiments tendres et respectueux dont je suis pénétré pour elle; et je n'oublierai rien pour hâter ce moment que mon cœur désire. Mon amour-propre le redouterait peut-être, si vos bontés, Sire, ne me répondaient de votre indulgence, et si je ne savais d'ailleurs que je dois ces bontés à ma façon de penser bien plus qu'à mes faibles talents. C'est aussi principalement, Sire, par cette façon de penser, par ma reconnaissance et mon attachement inviolable, que je suis jaloux de conserver l'estime de V. M.; et j'ose me flatter de n'avoir point le malheur de la perdre en me laissant voir tel que je suis. Je suis avec le plus profond respect, etc.

6. DU MÊME.

Paris, 11 mars 1760.



Sire,

J'ai trop bonne opinion de ma patrie pour imaginer qu'elle me fasse un crime de la reconnaissance; mais, dût-il m'en arriver des malheurs que je ne dois ni prévoir, ni craindre, je cède à un sentiment plus fort que moi. Je supplie donc V. M. de recevoir mes très-humbles et très-respectueux remercîments pour la belle Épître dont elle vient de m'honorer.a Mon amour-propre, Sire, en est si flatté, et à si juste titre, que mes éloges doivent être suspects; cependant, ma vanité mise à part, il ne me paraît pas possible d'exprimer avec plus de force et de noblesse des vérités importantes au genre humain, et malheureusement trop peu connues de ceux qui devraient en être les plus puissants défenseurs.

Les circonstances présentes, et mon respect pour les occupations de V. M., ne me permettent pas de lui en dire davantage.


a Voyez t. XII, p. 147-150.