<46>Je lui rends mille grâces de la bonté avec laquelle elle a daigné répondre aux questions que j'eus pris la liberté de lui faire. Il est certain qu'on ne saurait se promettre un avenir heureux dans la situation où sont les choses; et il est triste de devoir prévoir des malheurs sans oser rien faire pour les détourner. Mais, quoi qu il arrive, je ne me croirai jamais malheureuse, tant que j'oserai me flatter de ne devoir pas craindre de compter V. M. au nombre de nos ennemis; et c'est ce dont je me flatte sûrement, surtout pour moi-même, puisque je ne ferai jamais rien qui puisse me priver de l'honneur de ses bonnes grâces, dont elle a daigné me donner de si tendres assurances, et que je la prie de me continuer, ayant l'honneur d'être, etc.

7. A LA PRINCESSE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Potsdam, 5 septembre 1763.



Madame ma sœur,

Le souvenir de Votre Altesse Royale m'est d'autant plus flatteur, que je regrette infiniment de n'avoir pas été spectateur et auditeur des belles choses que j'ai admirées sans en voir la représentation. Je souhaiterais de pouvoir lui mander d'ici des choses aussi agréables; mais, madame, je suis obligé de vous donner un avis qui pourra être utile, si vous trouvez moyen de faire qu'on le suive. On ouvre mes lettres en Saxe; ceci m'oblige d'envoyer cette lettre par un homme affidé, et, pour qu'il ne donne aucun soupçon, je l'ai chargé de fruits de mon jardin. Vous aurez la bonté de dire que vous m'en aviez demandé à Moritzbourg, lorsque je fus assez heureux de vous y voir. Voici de quoi il s'agit.

Les esprits s'aigrissent à Pétersbourg de l'opiniâtreté qu'on témoigne chez vous à ne pas vouloir reconnaître le duc Biron. Je vous conseille de porter les puissants à cette condescendance,