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73. DU MÊME.

Paris, 21 avril 1770.



Sire,

De toutes les lettres que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, aucune ne m'a plus vivement et plus tendrement affecté que celle que je viens d'en recevoir, en date du 3 de ce mois; j'en avais, Sire, le plus grand besoin pour calmer la violente inquiétude où j'étais depuis quelques jours sur la santé de V. M., et sur les bruits très-fâcheux qui en couraient. Enfin, me voilà rassuré, et quoique V. M. ne soit pas délivrée de sa goutte, je vois au moins qu'elle est sans danger.

Il vient de paraître, Sire, un Traité de la goutte, par un médecin d'Angers, nommé Paulmier, qu'on dit excellent; le remède qu'il propose consiste dans l'application des sangsues. Je connais à Paris plusieurs personnes qui, depuis que le livre a paru, ont fait usage du remède, et ont été du moins très-soulagées. M. Mettra doit l'envoyer à V. M., qui le recevra incessamment.

Je suis en ce moment trop occupé de la santé de V. M. pour lui parler de la mienne. Ma tête est toujours dans le même état; au premier moment qu'elle pourra me laisser, j'aurai l'honneur de répondre en détail à V. M. sur les différents articles de la lettre si belle et si philosophique que je viens d'en recevoir, ainsi que sur son Catéchisme de morale. Je prie V. M. de me permettre d'oublier tout en ce moment pour ne m'occuper que de sa conservation si précieuse non seulement à ses peuples et à la philosophie, mais encore à l'Europe et à l'humanité.

Je suis avec le plus profond, et permettez-moi d'ajouter, le plus tendre respect, etc.