<5>éditions de la Pucelle de Voltaire, et tout ceci, indépendamment des livres que j'ai commandés pour Breslau. Si vous êtes déjà en chemin, il ne vous en coûtera qu'une lettre au petit de Beausobre,c qui s'acquittera bien de cette commission.

Je vous attends à Meissen, mon cher, où la fragilité des ouvrages qu'on y fait ressemble à la fortune des hommes. Je suis ici occupé de prendre les arrangements pour mes quartiers d'hiver. Il y a de quoi se donner au diable, s'il y en avait un. Adieu, mon cher; bon voyage.

4. AU MÊME.

Meissen, 22 mars 1761.

J'ai reçu la lettre de d'Alembert. Il serait superflu de lui répondre à présent, d'autant plus que cette correspondance pourrait lui nuire. J'ai reçu la tragédie de Tancrède;d je la trouve mal écrite, et il me paraît que les vers croisés dont l'auteur se sert, loin de donner plus de force à sa poésie, l'énervent, et lui donnent le ton de l'opéra. Sa lettre à la Pompadour est bien écrite, mais remplie de faussetés. Il en est de même de celle qu'il écrit à cet Italien.a C'est un tissu de mensonges. Il désavoue la Pucelle, quand, dans une autre lettre à l'Académie française de Paris, il s'en avoue l'auteur, et ne se plaint que des copies fautives qu'on a semées dans le public de son ouvrage. Il dit tout ce qu'il a retenu de son catéchisme; il fait le bon chrétien catholique, apostolique, lui qui m'a écrit cent lettres qui sentent le fagot, et qui respirent l'incrédulité. C'est un grand faquin. Je


c Voyez t. XIX, p. 123.

d Voyez t. XIX, p. 246, 247, 248 et 254.

a Le cardinal Quirini, à qui Voltaire avait dédié sa tragédie de Sémiramis. Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. V, p. 473 et 474; voyez aussi notre t. XXII, p. 254 et 255.