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13. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 11 novembre 1763.



Sire,

La lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, en date du 3, ne me rebute point encore. J'aime à me flatter de votre amitié, Sire, et je ne renoncerai pas facilement à l'espérance que vous m'en donnerez une marque réelle dans une affaire qui m'intéresse si fort. Personne n'a plus d'ascendant que V. M. sur l'esprit de l'impératrice de Russie; servez-vous-en, Sire, pour la déterminer en notre faveur. Nous vous aurons la plus grande obligation. Je conviens de bonne foi que vous avez raison de ménager cette princesse, et même de cultiver son amitié; mais pourquoi nous serait-elle si absolument contraire? Elle ne peut ignorer que ni mon époux, ni moi, n'avons pas eu la moindre part aux conseils qui peuvent avoir été donnés au feu roi. Qu'a-t-elle à craindre de nous? Si l'affaire de la Courlande lui tient au cœur, il y aura moyen de la terminer d'une manière convenable. L'Impératrice vous demande de ne point accorder le passage aux troupes saxonnes. Mon époux songe si peu à en envoyer en Pologne, qu'il a déjà donné ordre à celles qui sont dans ce royaume de revenir en Saxe. Il ne veut tenir la couronne que des libres suffrages de la nation, et si l'impératrice de Russie refuse absolument de l'aider de ses bons offices, il se réduira à lui demander au moins de ne lui être pas contraire. Ne me refusez pas, Sire, de faire une tentative pour cet effet; je me persuade qu'elle réussira. Vous avez de si bonnes raisons à alléguer! Et vous saurez bien les faire valoir. Ma reconnaissance égalera l'importance du service, et les sentiments d'admiration et d'attachement avec lesquels je suis, etc.