<549>dans une situation moins favorable que jamais; il me semble même que dans presque toute l'Europe on est assez disposé à les opprimer. On prétend qu'on va supprimer ici le collége royal fondé par François Ier, le Père des lettres; ce ne peut pas être pour la dépense, car je doute qu'il en coûte vingt mille francs à l'État pour tous les professeurs de ce collége; à moins qu'on n'imagine d'affamer la philosophie pour la faire taire, ce qui serait fort bien imaginé. J'avoue que la philosophie a rendu aux souverains de grands services, ne fût-ce qu'en détruisant la superstition qui les rendait esclaves des prêtres; mais le champ est labouré, on n'a plus besoin des bœufs qui ont tiré la charrue, et on ne se soucie pas de les nourrir. J'ai tiré, Sire, la charrue le mieux que j'ai pu, et selon mon petit pouvoir; V. M. a bien voulu regarder mes efforts avec bonté; je lui dois la première récompense de mes travaux. Je lui dois plus encore, ma subsistance dans le moment présent, grâce aux bienfaits dont elle a bien voulu m'honorer l'année dernière; mon économie ménagera le plus longtemps qu'elle pourra ces bienfaits, et elle aura recours sans hésiter au bienfaiteur quand ils lui manqueront.

J'ai pour le présent une autre grâce à demander à V. M.; ce serait de vouloir bien faire chercher dans la bibliothèque de Magdebourg (si cette bibliothèque, qui existait dans le dernier siècle, n'a pas été transportée ailleurs) un ouvrage de Pline le naturaliste qu'on prétend se trouver dans cette bibliothèque. Je doute beaucoup, Sire, de la vérité de cette anecdote; je n'ennuierai point V. M. des raisons sur lesquelles est fondé mon doute; mais enfin l'objet est assez important pour s'en éclaircir de manière à n'y plus revenir. Il s'agit d'une Histoire, en vingt livres, des guerres des Romains contre les différents peuples de la Germanie. La littérature, qui a déjà tant d'obligations à V. M., lui en aurait une nouvelle, si elle voulait bien donner les ordres pour vérifier ce fait, et pour s'assurer au moins que ce précieux manuscrit n'existe pas, comme il n'y a que trop lieu de le croire.

En priant V. M. de vouloir bien faire éclaircir cette anecdote, je prendrai la liberté de lui en apprendre une autre. Il est mort au mois de janvier dernier, dans un village nommé Vitry, tout près de Paris, une femme qui y vivait assez obscurément, et