<621>Suède et le Danemark; lui et le prince de Salma pourront bien revenir glacés ici; nous aurons tout le soin possible de les dégeler et de les remettre, s'il est possible, dans leur état naturel. Pour moi, qui ne suis point à la glace, et qui vous estime très-chaudement, je fais des vœux pour que le grand Démiourgos protége Anaxagoras; et sur ce, etc.

138. DE D'ALEMBERT.

Paris, 25 avril 1774.



Sire,

Ce n'est point pour Votre Majesté que je crains le rétablissement des ci-devant soi-disant jésuites, comme les appelait le feu parlement de Paris; quel mal en effet pourraient-ils faire à un prince que les Autrichiens, les Impériaux, les Français et les Suédois réunis n'ont pu dépouiller d'un seul village? Mais je crains, Sire, que d'autres princes que vous, qui ne résisteraient pas de même à toute l'Europe, et qui ont arraché cette ciguë de leur jardin, n'aient un jour la fantaisie de vous en emprunter de la graine pour la ressemer chez eux. Je désirerais, Sire, que V. M. fît un édit pour défendre à jamais dans ses États l'exportation de la graine jésuitique, qui ne peut venir à bien que chez vous.

J'ignore si on a défendu à M. de Guibert l'exportation de sa personne dans les États du Nord; mais je sais qu'il n'aura pas l'honneur de faire sa cour cette année à V. M., comme il le désirait et l'espérait. Il souhaitait ardemment de revoir les manœuvres admirables de vos troupes; il souhaitait surtout de revoir le dieu


a Frédéric dit dans sa lettre inédite à son frère le prince Henri, du 7 décembre 1773 : « Nous avons ici un prince Salm et un Crillon, qui viennent de Ceuta pour aller se rafraîchir à Pétersbourg. Ce prince Salm a servi autrefois chez les Autrichiens, et a fait trois campagnes contre nous. Pour le peu que je l'ai vu, il me paraît fort aimable. Sa sœur est mariée à un grand d'Espagne. »