<190>cent hommes de ce côté-là, cela rétablirait toute la communication. Pour ce que vous me dites, mon cher frère, de ce que vous souffrez, je n'en doute pas un moment. Je l'éprouve par moi-même, et je vous assure que si ce n'était le point d'honneur, il y a longtemps que j'aurais exécuté ce que je vous ai souvent dit l'année passée.a Ce que l'on nous a écrit des mouvements des Turcs se confirme journellement par quantité d'avis différents; mais vous m'entendez. Enfin, Job et moi nous sommes obligés d'exercer notre patience;b en attendant, la vie s'écoule, et après avoir tout vu et tout considéré, ce n'a été qu'embarras, peines, soucis, afflictions. Était-ce la peine de naître? Adieu, mon cher frère. Je ne veux pas noircir davantage votre imagination, et je crois que vous l'avez assez triste, sans que mon chagrin se mêle au vôtre pour l'augmenter. Je vous embrasse cordialement, vous assurant de la tendresse infinie et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.

54. AU MÊME.

(Rammenau) 2 octobre 1758.

.... Je reçois, le ciel en soit loué! des lettres de Baireuth qui me rendent l'espérance. Voilà, mon cher frère, un rayon de soleil à travers un épais nuage. Je vous avoue que l'espérance me fait plaisir, et que si je n'y trouve pas une consolation parfaite, du moins je jouis de l'illusion tant qu'elle dure. Je suis avec bien de la tendresse, mon cher frère, etc.


a Voyez ci-dessus, p. 185 et 186.

b Voyez t. XIX, p. 255.