<261>raisons de croire que Daun ne détachera rien. Cela serait si long à détailler, que je vous prie de vous en rapporter sur ma bonne foi. Toutes nos montagnes ont retenti hier du bruit de votre victoire; pour rendre la chose plus touchante, les canons ont tiré à boulets aux endroits où nos postes sont à portée de l'ennemi. La galanterie ne sera pas de leur goût; mais c'est un rendu, et vous m'avez fait grand plaisir de me fournir sitôt l'occasion de m'acquitter envers eux. Adieu, mon cher frère; je vous prie d'être persuadé de l'estime, de la tendresse et de la reconnaissance avec laquelle je suis, etc.

137. DU PRINCE HENRI.

Freyberg, 19 novembre 1762.



Mon très-cher frère,

Votre neveu est arrivé, en m'assurant de votre gracieux souvenir. J'ai eu le plaisir de l'embrasser, en songeant à la reconnaissance que je vous dois. J'avoue que j'aurais pu le rencontrer et passer devant lui sans me douter que je lui appartienne de si près; sa taille énorme, le changement qui s'est fait dans toute sa personne, m'a fait sentir que le temps a un cruel empire sur les hommes. Je l'ai trouvé, en le jugeant par comparaison du passé, fort libre et dégagé, poli et attentif; il avoue qu'il doit cela aux soins que vous avez bien voulu vous donner pour lui pendant le cours de cette dernière campagne, et cet aveu ajoute beaucoup à l'amitié qu'il m'inspire ....