<286>entretenir à son sujet, et je le laisserai ici jusqu'au temps où je saurai quelles sont vos volontés à son égard. Je suis, etc.

166. DU MÊME.

Rheinsberg, 1er octobre 1763.



Mon très-cher frère,

Je suis arrivé ici encore tout occupé du souvenir récent d'avoir eu le bonheur de vous faire ma cour à Potsdam. Je suis pénétré par les bontés que vous m'avez témoignées, et je regarderai toujours comme les moments les plus gracieux de ma vie ceux où je pourrai vous donner des preuves de mon attachement. Mes nouvelles d'ici ne sont pas autrement intéressantes; les campagnards annoncent un hiver précoce, et je crains bien que, pour le coup, ils n'aient raison. Le chancelier Woronzow, qui se réfugie en Italie, n'en ressentira pas les effets; il arriva à Berlin le même soir que vous en êtes parti.a Les femmes de Berlin parlent beaucoup de sa fille; sa beauté a été célébrée avant son arrivée, et elles craignent avec raison qu'une étrangère n'ait plus d'appas qu'aucune d'elles. Il faut avouer que l'ambition se glisse partout, et embrasse tous les objets. Celle d'une femme est d'être belle et de plaire; ce privilége ne leur est cependant accordé que par la nature, et lorsqu'il leur manque, elles ont recours à l'artifice, et c'est le blanc et le rouge. Les hommes ont cet avantage d'avoir des objets plus nobles de leur ambition. Quant à moi, j'aurai toujours celle d'être empressé à vous témoigner les tendres sentiments et le respect avec lesquels je suis, etc.


a Voyez t. XVIII, p. 146, et t. XXIV, p. 53.