<305>Les petites véroles ravagent singulièrement cette année, surtout les personnes d'un certain âge. Voilà notre belle-sœur Ferdinand qui en est attaquée. On m'écrit de Berlin qu'il n'y a aucun danger; je le souhaite, mon cher frère, et que, parmi vos amusements, vous ne me mettiez pas entièrement en oubli, et que vous soyez persuadé de la tendresse avec laquelle je suis, etc.

189. AU MÊME.

Le 4 mai 1767.



Mon cher frère,

Vous donnez des marques d'un cœur vraiment patriotique en prenant part au rétablissement de notre discipline; car, après tout, c'est sous la protection de l'art militaire que tous les autres arts fleurissent, et, dans un pays comme le nôtre, l'Etat se soutient autant que les armes le protégent. Si jamais on négligeait l'armée, c'en serait fait de ce pays-ci. La dernière guerre avait ruiné les troupes et anéanti la discipline. J'ai envisagé comme le premier de mes devoirs de rétablir l'un et l'autre. A présent nous commençons à nous apercevoir de nos progrès; mais dans trois ans l'armée aura repris le ton de solidité qu'elle avait autrefois, et ce temps sera employé à bien former les officiers et les bas officiers gentilshommes, dont l'espèce est devenue rare. Vous avez trop de bonté de vous ressouvenir, mon cher frère, du séjour que vous avez fait ici. J'aurais souhaité de pouvoir vous amuser plus agréablement. Il fait un temps barbare, comme il a coutume de l'être au commencement de mars; mais nous sortons malgré tout cela, rien n'arrête notre ouvrage. J'espère, mon cher frère, de vous revoir en bonne santé. En vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.