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53. DE LA REINE.

Schönhausen, 15a juin 1758.



Sire,

C'est avec une reconnaissance parfaite que j'ai reçu votre lettre. Avec la grossesse de ma sœur cela va bien, et on a pris toutes les précautions imaginables pour que l'altération ne lui fasse du mal. Médecin et chirurgien y ont d'abord été. Elle est à présent à la moitié. Comme ma sœur est dans cet état, et outre cela dans le grand deuil, j'espère que vous permettrez que la Duchesse ma mère vienne à Berlin, et loge au château, et que vous aurez la grâce de donner vos ordres là-dessus. Je vous promets bien sincèrement qu'on ne fera pas la moindre intrigue; pour moi, je la hais autant qu'on la peut haïr, et j'ai eu toute ma vie de l'horreur pour cela. Pour des dépenses, je n'en ferai sûrement pas plus qu'il sera nécessaire, et je crois que ma mère pourra se contenter de la façon que je vis ordinairement. J'évite toutes les dépenses, et me retranche sur tout; mais le deuil et le voyage n'a pas laissé de me coûter, quoique tout s'est fait avec la plus grande économie du monde. Vous pouvez compter sur moi, que sûrement je ne ferai rien au monde qui puisse vous déplaire. Vos grâces et bontés me sont toujours trop précieuses, et sûrement ce ne sera pas par ma faute que je pourrais avoir le malheur de les perdre; je ne m'en consolerais de ma vie, et ma façon d'agir est toute simple et unie, comme tout le monde pourra vous le dire et me donner ses témoignages. Dieu veuille vous donner de la santé, vous conserver et donner du bonheur dans toutes vos entreprises! Je me recommande dans l'honneur de vos bonnes grâces et bienveillance, qui suis avec le plus parfait attachement, entier dévouement et toute la tendresse imaginable, etc.


a Il faut probablement lire 20.