<332>qui est que la cour de Vienne regarde ces affaires de Pologne avec le plus grand mécontentement; et je ne voudrais pas répondre que si les Russes, la paix faite, ne retirent pas leurs troupes de ce royaume, à la fin la patience n'échappera aux Autrichiens. Pour moi, qui voudrais, autant qu'il dépend de moi, perpétuer la paix du Nord aussi longtemps que cela se pourra, je voudrais qu'on écartât tout ce qui pourrait servir d'aliment à une nouvelle guerre, et que par conséquent la Russie fît un plan de pacification tolérable pour la Pologne, qu'elle me le communiquât, ainsi qu'à la cour de Vienne, et ce plan se trouvant être raisonnable, c'est-à-dire, en maintenant le Roi sur le trône et relâchant un peu du reste, je me ferais presque fort de porter la cour de Vienne, conjointement avec moi, à gourmander de façon les confédérés pour les forcer à le souscrire. Cela peut donner lieu à une paix stable jusqu'à un nouveau règne. Mais si l'Impératrice ne veut pas suivre mes avis, je crains que tôt ou tard ce feu qui couve sous la cendre n'allume un incendie qui ne devienne un embrasement général de l'Europe. D'ailleurs, je renonce au titre de médiateur, et, pourvu qu'on fasse la paix cet hiver, j'abandonne de bon cœur tout intérêt de vaine gloire, qu'il faut toujours, comme de raison, sacrifier au bien public.a

215. AU MÊME.

Potsdam, 5 novembre 1770.



Mon cher frère,

Je me réjouis de ce que le voyage fatigant que vous avez fait, mon cher frère, n'ait porté aucun préjudice à votre santé. Il est vrai que vous êtes bien récompensé de vos peines en voyant tous les établissements utiles et agréables que l'Impératrice a faits dans sa capitale. Ce qu'il y a de plus étonnant, c'est que cette grande ville, dont vous admirez la magnificence et la beauté, n'a


a Ce dernier alinéa est en chiffre dans l'original.