<357>quoique je sois tout préparé à les suivre dans peu, je souffre cependant de ne plus jouir de leur présence. Quand je pense aux personnes avec lesquelles j'ai vécu avant la dernière guerre, je suis tout étonné de ne retrouver plus personne.c Les générations passent avec une rapidité étonnante. Les animaux et les végétaux, tout se renouvelle sans cesse, et ensuite tout disparaît. Je souhaite, mon cher frère, pour le bien de cet État, que vous ne disparaissiez pas de sitôt, et que vous soyez bien persuadé de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.

238. AU MÊME.

Le 12 juin 1772.



Mon cher frère,

Je suis bien aise d'apprendre par votre lettre, mon cher frère, que vous jouissiez à Rheinsberg d'une parfaite santé. Comme vous vous préparez à y recevoir notre sœur la Reine,a je prends la liberté de vous envoyer une petite provision de verdée de Florence, dont je vous prie de la régaler pendant son séjour qu'elle fera chez vous. J'ai en même temps pensé à vos finances, et Buchholtz,b mon cher frère, a ordre de vous payer quarante mille écus;c vous aurez la bonté de lui indiquer où et comment vous voulez recevoir cette somme. J'ai vu cette Prusse que je tiens en quelque façon de vos mains; c'est une très-bonne acquisition et très-avantageuse, tant pour la situation politique de l'État que pour les finances; mais pour avoir moins de jaloux, je dis à qui veut l'entendre que je n'ai vu sur tout mon passage


c Voyez t. XVIII, p. 162, 176 et 208; t. XIX, p. 348, 349 et 425; t. XX, p. 312, 326 et 327.

a La reine de Suède. Voyez t. IX, p. X, art. XIII, et p. 206 et 207; t. XIII, p. 86 et 91.

b Voyez t. XX, p. 141.

c Le Roi parle ci-dessus, p. 301, de la donation qu'il avait faite à son frère après la victoire de Freyberg.