<378>ment d'agir, mais plutôt d'en imposer. Il faudrait qu'ils eussent perdu toute prudence pour se hasarder entre vous, mon très-cher frère, et la Russie, tandis qu'ils ne peuvent s'attendre qu'à de très-faibles secours de la France.

Je vous rends très-humblement grâce, mon très-cher frère, pour le bulletin; la chanson est très-grossière, mais elle prouve que la Reine n'est pas aimée, et c'est un bien. Je voudrais que le roi de France s'en dégoûtât. Tout ce qui peut servir à ce dessein me paraît admirable. D'ailleurs, je crois que si les Français pouvaient trouver un autre allié, ils abandonneraient facilement l'Autriche.

Je vous supplie, mon très-cher frère, d'agréer les assurances de mon tendre et respectueux attachement. Avant mon arrivée à Königsberg, je ne pourrai me rappeler à votre souvenir. Partout où je suis, j'emporte le sentiment de la reconnaissance et du parfait dévouement avec lequel je suis, etc.

263. AU PRINCE HENRI.

Potsdam, 14 avril 1776.

C'est par une rencontre bien heureuse, mon cher frère, que M. de Stackelberga s'est trouvé sur votre chemin. Il est instruit de tout en Russie, et bien mieux sans doute que Solms. Pour vous donner une réponse nette et catégorique sur tout ceci, je vous dirai que je regarde comme un objet principal pour cette maison de conserver et cimenter la bonne harmonie avec la Russie. Nous en avons besoin, et la postérité peut en avoir encore plus besoin que nous. Partant de ce principe, il faudra céder sans doute à ce que l'entêtement de la Russie exigera absolument. S'il faut céder le port de Danzig, que nous obtenions le terrain qui se trouve entre l'Obra et la Silésie, ce sera une indemnisation; et si la ville de Danzig y ajoute une somme d'argent, dont on pourra


a Envoyé russe à Varsovie. Voyez t. VI, p. 136 et 137.