<400>

285. AU MÊME.

Le 12 octobre 1777.



Mon très-cher frère,

Le voyage d'ici à Berlin, mon cher frère, n'est pas celui de l'amiral Anson autour du globe; il y a encore moyen d'y arriver, principalement en voyageant en carrosse. J'ai vu beaucoup de choses, à Berlin, qui m'ont fait plaisir : ma sœur Amélie qui se portait mieux; le bon ordre des troupes; le congé que j'ai pris de notre apothicaire éternel;a le départ du revenant de Pons;b l'embellissement de la ville, et tout ce qui est maisons publiques achevé; les grands progrès de notre commerce de draps; la nécessité où nous sommes, ayant consumé toute la laine de nos produits, d'avoir recours à l'étranger. Voilà, mon cher frère, des articles dont l'amélioration me cause une véritable satisfaction. Je doute cependant que, malgré tout cela, un corps usé comme le mien ose lutter pour la durée avec le corps de l'Impératrice-Reine. Les femmes ont la vie si dure, mon cher frère! Elles remettent de l'huile dans leur lampe, et nous, nous épuisons le peu d'huile que nous avons. Dame Thérèse m'enterrera, moi et l'électeur de Bavière.

286. AU MÊME.

(Potsdam) 3 novembre 1777.



Mon très-cher frère,

Je puis à présent, mon cher frère, vous donner des nouvelles plus intéressantes que par le passé. Nous avons eu ici la comtesse Sacken, la comtesse Schwerin et madame de Heinitz. Je


a Le baron van Swieten, rappelé par sa cour, eut pour successeur le comte de Cobenzl.

b M. de Pons, ministre de France à Berlin, fut remplacé en 1782 par le marquis d'Esterno (t. XXV, p. 266 et 269).