<422>dant la négociation dure toujours, et j'aurai bien encore assez de matière pour la traîner jusqu'au 15 ou 20 de mai. Cependant il faut se préparer à tout, car je ne saurais vous répondre de la vivacité et du feu d'un jeune prince qui brûle d'acquérir de la gloire. Je suis, etc.

307. AU MÊME.

( Schönwalde) ce 17 (avril 1778).



Mon très-cher frère,

Je vous prie de vous souvenir qu'à la dernière guerre, vous et moi nous nous sommes souvent trouvés à la tête de vingt-six mille hommes contre soixante mille ennemis, et que nous nous sommes tirés d'affaire; et à présent que, avec les Saxons, vous en avez quatre-vingt mille, et moi à peu près autant, je ne vois pas ce qui nous doit embarrasser. Si d'ailleurs cette guerre vous répugne, vous n'aviez qu'à me le dire comme mon frère Ferdinand, et vous étiez maître de vous en dispenser; mais dans le fond des choses, je ne vois pas ce qui vous peine tant.a Je suis ici avec mon armée, et je n'en bougerai que vous ne soyez en Bohême. Le corps des Autrichiens qui est contre moi ne saurait branler, à moins de risquer que je lui prenne ses magasins et tout. L'Empereur n'oserait hasarder présentement daller en Lusace, à moins de risquer que je lui tombe sur les derrières. Vous n'aurez donc contre vous que quinze régiments d'infanterie, soit à Teplitz, soit du côté de Lowositz; je ne vois rien là qui me fasse trembler, et vous pouvez expédier ces gens-là avant que ces quinze régiments d'infanterie qui sont dans notre voisinage puissent se remuer. Comme je vous l'ai mandé, j'ai fait camper un corps à Pischkowitz, et je compte de faire des reconnaissances


a Le prince Henri n'aimait plus la guerre; il craignait de compromettre la gloire qu'il avait acquise, et voulait vivre tranquillement à Rheinsberg. Voyez. Militärischer Nachlass des Grafen Henckel von Donnersmarck, t. II, cahier II, p. 175, 182, 186, 187, 189, 190, 199, 215 et 219.