<467>yeux attaqués de fluxions; si je suis longtemps à cheval, il me prend une soif ardente, et je suis sujet à des vertiges; et vous me pardonnerez un détail si peu propre à vous être rendu, mais ou j'ai le ventre serré, ou bien le contraire m'arrive à un point qui m'affaiblit encore plus. A tout cela se joint que les moindres nouvelles me causent une émotion que je n'ai jamais sentie autrefois. Je me suis chagriné, et cela m'a rendu comme mélancolique. Dans cette situation, pour laquelle je ne sais aucun remède, je me trouve forcé à vous supplier, mon très-cher frère, de me permettre de me retirer, après que vous aurez nommé quelqu'un qui doive prendre le commandement de l'armée. Ma situation malheureuse ne m'est que trop connue; je rentre, pour ainsi dire, dans le néant, et je perds tous les honneurs du commandement. J'ai toujours aimé d'être utile; j'ai recherché à l'être, et je suis privé non seulement de tous ces honneurs et de ces espérances, mais j'ai encore à appréhender l'oubli des services que j'ai rendus, et c'est le plus grand chagrin pour moi quand j'y pense. Cependant je ne puis prendre d'autre parti. Il est humiliant pour moi d'avoir une santé faible, mais il serait malhonnête de le cacher et de me charger d'un fardeau que mes forces ne me permettent plus de supporter. Si onze campagnes dans lesquelles j'ai reçu de vous, mon très-cher frère, des lettres et des promesses flatteuses, et des services en temps de paix, pour lesquels j'ai également reçu des preuves de votre satisfaction et des assurances que vos bontés pour moi se feraient connaître un jour, si ces services, dis-je, peuvent me conserver votre souvenir, j'aurai au moins la seule consolation que je puisse recevoir dans mon infortune. Si elle m'est ôtée, j'aurai encore celle d'avoir été dans tous les emplois de ma vie désintéressé, de les avoir remplis, sinon avec toutes les lumières d'un autre, du moins avec toute l'intégrité, et d'avoir recueilli au moins quelquefois votre satisfaction et celle du public; et, dans la retraite la plus profonde, j'attendrai la mort sans la désirer ni la craindre, mais toujours rempli du tendre et respectueux attachement avec lequel je ne cesserai d'être, etc.