<88>viendrez donc quand vous le voudrez, et que vous aurez achevé vos affaires auprès du régiment, pour me suivre dans la marche que nous allons faire. Vous priant de me croire avec toute l'estime possible, etc.

7. DU PRINCE DE PRUSSE.

Berlin, 2 avril 1745.

J'ai reçu les très-gracieuses lettres que vous avez eu la grâce de m'écrire, et je puis vous assurer que je suis toujours dans une joie inexprimable quand j'en reçois, voyant par là que vous vous ressouvenez encore de moi; c'est la seule consolation que je puisse avoir ici.

Le régiment de Lepsa est marché ce matin. C'est là tout ce qui s'est passé de nouveau depuis que j'ai eu l'honneur de vous écrire. On débite ici plusieurs nouvelles, entre autres, que l'armée autrichienne doit s'assembler le 5 d'avril près d'Olmütz, que le général Thüngen doit être détaché avec un corps pour couvrir les frontières de Bohême. Tout cela, s'il est vrai, ne laisse pas d'être des préparatifs pour que la campagne s'ouvre aux premiers jours. Vous avez eu la grâce de me marquer dans la première lettre que la cavalerie doit faire un mouvement pour s'approcher plus près de Neisse. Tout cela me fait douter qu'aux premiers jours vous ferez une marche en avant; et où serai-je alors? A Berlin. Ayez la grâce de penser combien cela me chagrine, ayant toute l'envie au monde pour apprendre quelque chose, et ne pouvant peut-être de ma vie en retrouver l'occasion. Je vous supplie donc instamment de me tirer d'ici, où je suis dans mille inquiétudes, et où tout ce qui me fait sans cela plaisir se tourne en chagrin quand je réfléchis sur mon sort. J'ai la confiance que j'obtiendrai cette fois la grâce que je vous de-


a Le prince parle du neuvième régiment d'infanterie, en garnison à Hamm, qui avait pour chef le lieutenant-général Othon-Frédéric de Leps.