105. AU PRINCE HENRI.

Breslau, 20 janvier 1762.

Je viens de recevoir votre lettre du 16 de ce mois. Vous savez qu'il y a deux médecins dans Molière, le médecin Tant-pis et le médecin Tant-mieux,270-a et qu'il est impossible que ces deux-là soient du même sentiment. J'ai un malade à traiter, qui a une fièvre violente; dans un cas désespéré, je lui ordonne de l'émétique, et vous voulez lui donner des anodins. Mais comme nous n'en sommes pas encore à cette extrémité, je vous prie de penser bien sérieusement à tout ce qu'Anhalt vous a dit. Je ne vous parle point de la situation où je me trouve ici, ni de tout ce que j'ai à appréhender. J'espère me soutenir jusqu'au mois de mars, où certainement les choses changeront.


270-a Ce n'est pas Molière qui parle des médecins Tant-pis et Tant-mieux, c'est La Fontaine, Fables, liv. V, fable 12, Les Médecins.