144. AU MÊME.

(Leipzig) 9 février 1763.



Mon cher frère,

Nous sommes, comme je vous l'ai mandé, d'accord avec nos ennemis sur toutes les conditions de la paix. Pour moi, je souhaiterais que, au lieu de préliminaires, on signât d'abord le traité. Cela a exigé l'envoi d'un courrier qui reviendra le 13 ou le 14, de sorte que vous pouvez compter que, ce jour, les préliminaires sûrement et peut-être le traité définitif sera signé. Les conditions sont une restitution in integrum, de toute part, sur le pied où <267>nous étions avant la guerre. Par complaisance et pour adoucir les esprits, j'ai promis ma voix à l'archiduc Joseph pour le faire empereur. Voilà la substance de la négociation. Il y a bien des articles pour le commerce et autres choses, mais qui ne sont d'aucune importance. Le dessous des cartes a été plus compliqué; un corps de Turcs de cent dix mille hommes sur les frontières de la Hongrie, la paix séparée des princes de l'Empire, et une convention conclue avec les Français pour les provinces du Rhin, a fort accéléré la négociation. Voilà donc une affaire terminée, après d'horribles agitations et périls. Les ratifications ne pourront être échangées que le 25; ainsi les troupes ne rentreront entièrement dans le pays qu'au commencement d'avril. Je souhaite que vous ayez pu vous occuper d'objets agréables à Rheinsberg. Je crains bien qu'il y aura eu quelque petite chose à redire; mon tour viendra, et je m'y prépare. Cependant j'ai pris mes mesures de façon que je compte tout réparer, et cela, promptement. Je mets déjà la main à l'œuvre, et j'espère que dans une année il y paraîtra. J'ai encore beaucoup à travailler, ce qui m'oblige d'abréger cet entretien; ce ne sera pas cependant sans vous assurer de toute la tendresse avec laquelle je suis, etc.