202. AU PRINCE HENRI.

Ce 3 (août 1769).

Je vous félicite de jouir d'une tranquillité philosophique à Rheinsberg. Je voudrais, mon cher frère, que les choses de l'Europe ne fussent qu'un simple spectacle pour moi; je m'en amuserais, au lieu qu'à présent elles me donnent souvent de l'inquiétude. Par exemple, les Russes viennent de prendre Chotzim. Cela va leur donner une supériorité si marquée pour cette campagne sur leurs ennemis, que l'arrogance et la hauteur de l'Impératrice en augmenteront encore, si tant y a qu'elles puissent augmenter. En attendant, l'Empereur a fixé le jour de son arrivée au 25 de ce mois, de sorte qu'il faudra que nous partions le 12,364-a pour que j'aie le temps de faire une petite tournée en des lieux où ma présence est nécessaire. Nous verrons alors par nos yeux ce qui en est, et à quel point ce prince mérite les éloges qu'on lui donne, ainsi que ce que l'on pourra s'attendre de lui. Tout cela, dans le fond, ne me touche guère, puisque je serai longtemps mort et oublié quand il commencera à paraître. Je vous embrasse, mon <320>cher frère, en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.


364-a Frédéric, accompagné du prince Henri, partit le 12 de Charlottenbourg pour la Silésie.