15. AU MÊME.

(Baunau) ce 24 (septembre 1759).



Mon cher frère,

Je vous remercie des nouvelles que vous daignez me donner de nos officiers blessés. Faites-leur, je vous prie, à tous mes compliments. J'espère que Seydlitz en échappera, et qu'il se tirera tout à fait d'affaire. Vous devez bien juger que, dans la situation où je me trouve, je ne suis pas sans soins, sans inquiétudes, et sans beaucoup d'agitations; c'est la crise la plus affreuse où je me sois trouvé de ma vie. Voilà le moment où il faut vaincre ou mourir. Daun et mon frère marchent ensemble. Il se pourrait bien que toutes ces armées se rassemblassent ici, et qu'une bataille générale décidât de notre fortune et de la paix. Prenez soin de votre santé, cher frère; tranquillisez-vous, et attendez <546>en patience ce que le ciel ordonnera de nous. Je vous embrasse de tout mon cœur.